Utopie comme méthodologie est une exposition, tout autant qu’une vision collective de nos avenirs. Le titre de l’exposition est emprunté à un livre du même nom par l’universitaire utopiste Ruth Levitas. Dans son analyse, la méthodologie utopiste est un processus en trois volets. En vue de trouver un chemin vers un futur plus épanoui, il faut identifier un problème contemporain, se plonger dans ce que Levitas nommerait des recherches archéologiques et d’archives afin de comprendre la racine du problème, pour ensuite éduquer nos désirs de manière à trouver une solution au problème; une solution qui tient compte du contexte contemporain et qui ne se contente pas de prôner le retour vers un passé idéalisé.
Utopie comme méthodologie est devenu un projet d’exposition lorsque j’ai commencé à penser aux gens avec qui j’aimerais entamer un dialogue sur les féminismes. J’ai appliqué le même message d’incitation à l’utilisation de l’utopie au féminisme et, plus précisément, au féminisme dans le monde de l’art, dans l’espoir de pouvoir imaginer ensemble de nouvelles façons d’aller de l’avant fondées sur la sollicitude, l’empathie et le respect mutuel. Même aujourd’hui, travaillant sur ce projet, j’ai constaté combien les pratiques féministes dans le monde de l’art créent des résultats qui se distinguent des modèles administratifs dérivés du domaine corporatif ou des standards patriarcaux. Les projets réalisés par jake moore (CA), Adriana Disman (CA), Rudy Loewe (R-U), Taklif : تکلیف (CA/IR), Laura Taler (CA), Diane Guyot (FR), McKensie Mack (E-U), CRUM (Chris Carrière, Matt Killen, Alexandra McIntosh, Douglas Scholes, et Felicity Tayler) (CA), Michelle Lacombe (CA), et JJ Levine (CA) ont démontré qu’il n’y pas un féminisme unique, et que plusieurs voix permettent d’aller de l’avant. La force du féminisme réside dans son habileté à apprendre des leçons du passé afin de se forger de nouvelles avenues. Utopie comme méthodologie est un début et non une fin. C’est le résultat de l’activation de cette méthode et ainsi que de l’éducation de nos désirs, c’est une invitation à quiconque est enclin à emboîter le pas.
– Amber Berson
Amber Berson est auteure, commissaire et doctorante à l’Université Queen’s. Ses recherches portent sur le thème de la culture des centres d’artistes féministes autogérés et sur la pensée utopique. Elle s’intéresse aux mouvements féministes utopiques et aux imaginaires socialistes, tant à leurs origines qu’à leur héritage, touchant autant l’autogestion collective, l’auto-détermination, la garde des enfants et l’équité salariale, que les pratiques antiracistes.
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