Cas d’absence

SIMON BELLEAU, CLAIRE BURELLI et CAROLINE MAUXION

Exposition - Galerie & bureaux

28 avril 2017 - 4 juin 2017

PRÉMISSES AUX ABSENTS – SERIONS NOUS DÉJÀ EN RETARD ?
Rien ne s’y passe, mais quelque chose arrive hors-champs. Quelque temps avant et après notre entrée sur les lieux.

Tout est laissé en suspens. La latence est reine et il nous faudra être de patients soldats pour faire face à l’absence. Elle nous invitera alors à la suivre hors de la scène, vers la promesse hypothétique d’un noeud théâtral, d’une action banale, d’une chute potentielle, d’une apparition possible, à un moment qui nous échappera sans doute.

La brume pourrait bien se dissiper et nous verrons le bas de la tour; la feuille pourrait bien tomber et nous verrons l’image cachée apparaître sur le plancher; l’interlocuteur pourrait bien revenir dans quelques minutes; la discussion reprendra, le monde tournera à nouveau. Ou bien cela n’arrivera peut-être pas. Ou peut-être serons-nous, nous mêmes, absents, écartés de l’intrigue qui nous glissera alors entre les doigts, roulera hors de la pièce pour se jouer sans unité de temps, de lieu ou d’action. Alors nous serons placés hors-champs à notre tour, à nouveau indisponibles et inattentifs face à ce qui nous est donné. Nous manquerons l’absence et ce qu’elle voulait nous chuchoter – dans la proximité des instants qui ne se touchent jamais. Car ces cas d’absence évoquent aussi la nôtre, spectateurs glissants, visiteurs vacants qui traversons l’oeuvre l’espace d’une minute, qui lui tournons le dos et qui reprenons le bateau.

Si nous ne retournons pas à nos chemins; si nous faisons cas de ces absences; si nous les laissons exister dans le monde qu’elles nous suggèrent; si nous attendons avec elles dans la solitude des probabilités; si nous devenons des guetteurs obliques opérant un peu en retrait, alors les absences se livreront. De cas, elles pourront devenir remèdes, d’attente elles deviendront événement et l’expérience solitaire se fera rencontre. Elle mettra en mouvement notre approche avec les oeuvres et, passant de l’une à l’autre, nous autorisera à évoquer d’autres récits, d’autres réalités filtrant derrière chacunes de leurs absences. Elles affirmeront cette réalité non-frontale qui initie un dialogue. Elles pourront, ainsi, nous faire la promesse – jamais vaine – d’un monde moins vide qu’il n’y paraît, à remplir de nos désirs et de notre pouvoir d’invention.

Claire Moeder